La résilience et le courage social

07/02/2024

Faut-il avoir eu une enfance heureuse pour être un adulte heureux ? à cette question, Alfred Adler, psychiatre passionné par la résilience, aurait répondu Non.

C'est ce que je comprends en écoutant la conférence de Marina Bluvstein, psychologue adlérienne mondialement reconnue, invitée à Paris le 4 février au Grand cercle annuel de Discipline Positive (depuis le temps que je vous parle de la Discipline Positive, ai-je assez insisté sur la paternité d'Adler dans cette formidable méthode d'éducation ?). Joie d'être dans l'assistance, à côté de mes consœurs (et quelques confrères) facilitatrices et formatrices de Discipline Positive ; joie d'écouter cette experte drôle et sympathique nous raconter (avec sa traductrice Chantal !) la vie d'Adler et les décisions qu'il en a tirées pour devenir heureux. C'était pas gagné d'avance, je vous assure ! Né en 1870 à Vienne, il accumule les maladies et handicaps (spasmes, rachitisme, diabète, tuberculose, bref un peu la vie « normale » de nos ancêtres…), au point qu'il fondera ses premières théories sur le sentiment d'infériorité ressenti par les enfants. Son credo : la nécessité de surmonter les épreuves pour survivre est socialement utile. 

La faiblesse physique et le sentiment d'infériorité seraient donc des facteurs d'évolution collective ! 

Comment ? en développant l'empathie, en s'appuyant sur le collectif. Cette conception de l'individu aux prises avec la maladie ou le handicap (ce qu'il appelle « la faiblesse des organes ») me touche beaucoup, moi qui travaille avec des personnes handicapées depuis plusieurs années, et qui m'attache à leur rendre leur estime de soi et leur pouvoir d'agir. Oui ! leur soi-disant faiblesse peut être surmontée et devenir une grande puissance, non pas seuls par la force de la volonté, mais collectivement. Parce que l'empathie et l'entraide nous élève tous, parce que la conscience des difficultés du corps ou du psychisme nous rend humbles, parce que nous avons tous besoin de contribuer (encore un concept très puissant signé Adler !) et que nous pouvons le faire seulement en prenant en compte les différences des uns et des autres.

Surmonter les épreuves nécessite de faire des erreurs, de se tromper, de recommencer. Ce qu'Adler nommait « le courage social » ou « le courage de risquer l'imperfection » : essayer de devenir meilleur, le faire en sachant que ce ne sera pas parfait mais qu'essayer reste le seul moyen de s'améliorer. Moi ça m'inspire et ça m'encourage.